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Clement Julhia
Analyste politique
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Clement Julhia | Juillet 2017
L’élection générale Britannique de 2017 n’aura pas un grand impact sur les négociations
avec l’UE
Puisque l’élection de Juin dernier a été centrée sur les négociations actuelles avec l’Europe concernant le départ du
Royaume-Uni, il serait normal de penser, le rapport de force à la Chambre ayant changé, que de même les
négociations avec Bruxelles prendraient une forme différente en conséquence. En fait, même si l’élection a pu avoir
un impact marginal, les discussions avec l’équipe de M. Barnier ne seront pas aussi affectées qu’on pourrait le croire.
Qu’en pense Bruxelles ?
Quand la Première Ministre a annoncé qu’elle consulterait les électeurs un an après qu’elle a été nommée par le parti,
elle a dit que cela l’aiderait dans ses négociations, comme elle l’a résumé dans son credo tristement célèbre : « strong
and stable » (« fort et stable »). Ce qui est intéressant est la réaction qu’elle a suscitée de la part de personnages
importants à Bruxelles. Par exemple, le fédéraliste éminent Guy Verhofstadt a expliqué qu’elle faisait erreur en
pensant que la taille de sa majorité aurait un impact quelconque sur leurs discussions.
En effet, l’UE négocie avec elle en tant que représentant du Royaume-Uni. Selon quelle méthode ou avec quelle
légitimité est-elle arrivée à cette position n’est pas pertinent ; ce qui importe, c’est la puissance de marchandage du
pays qu’elle représente.
Ceci est une position sensée et maintenant que l’élection a produit le résultat inverse à celui qu’elle aurait espéré, le
bon sens indique que si la victoire n’aurait présenté aucun avantage, la défaite ne doit pas non plus présenter de
handicap.
En s’intéressant aux particularités de la politique britannique avant et après l’élection, quelle différence le résultat
pourrait-il faire ?
Quels sont les changements au parlement ?
Comme chacun sait, le paysage parlementaire a changé de telle sorte que les Conservateurs et les nationalistes
écossais du SNP ont perdu des sièges dans un parlement sans majorité ou les Conservateurs n’ont obtenu une majorité
absolue qu’en faisant alliance avec le DUP (Parti Démocrate Unioniste) nord-irlandais. Cependant en ce qui concerne
les négociations de départ de l’UE, ce qui compte est que, comme avant, la plupart des députés Conservateurs font
partie de ceux qui ont milité pour le maintien dans l’Union avant le référendum (176 sur 317). La présence du DUP,
parti très pro-Brexit, aurait pu faire une différence mais leurs conditions pour soutenir le gouvernement étaient
largement contenues dans les bénéfices financiers reçu par le gouvernement autonome en Irlande du Nord.
Que nous indique le résultat sur l’opinion publique ?
Sur la question de l’indépendance elle-même, cette élection n’annonce pas un grand changement dans l’opinion
publique. Le seul grand parti à présenter la possibilité d’inverser la décision du référendum de 2016, les Libéraux-
Démocrates, n’ont pas reçu un soutien massif d’électeurs regrettant leur choix de l’année précédente et ont accru
leur présence à la Chambre par quatre voix en tout. Une autre façon de voir les choses est que chaque circonscription
où ce parti a gagné avait déjà voté contre la sortie un an auparavant.
On peut dire que les grandes questions soulevées par les partisans de l’indépendance, c’est-à-dire l’immigration et la
souveraineté nationale, sont encore très présentes dans l’esprit de ceux qui ont voté pour la sortie, qui à leur tour
sont essentiellement soit des électeurs conservateur, soit des conservateurs potentiels.
Le résultat est aussi éloquent concernant l’avenir de la politique commerciale britannique. Tous les grands partis dans
cette élection, Conservateurs, Labour et SNP, sont en faveur d’un commerce sans droits de douane avec les pays
membres de l’UE, avec ou sans le marché unique et, ensemble, ils représentent 85% des voix. Cette élection a montré
que le peuple britannique est pour le libre-échange de façon écrasante et sur la scène politique de May à Corbyn, les
bénéfices du libre-échange avec l’UN sont sans controverse.
C’est là que se trouve la difficulté principale pour négocier le virage du Brexit : aux yeux de Bruxelles, le contrôle de
l’immigration venant de l’UE et le libre-échange avec elle sont incompatibles. Même la souveraineté nationale est
remise en question au moment de faire du commerce avec un bloc règlementaire majeur, car de nombreuses normes
européennes devraient être copiées par le Royaume-Uni pour pouvoir commercer pleinement avec l’Union Européenne.
Ce dilemme existait déjà cependant avant les élections et cette élection ne fait que confirmer les difficultés
existantes qu’il y a pour le gouvernement à savoir quoi espérer de leur dialogue avec les négociateurs Européens.
Quels changements pouvons-nous entrevoir?
L’élection de Juin n’est pas totalement sans effet. En particulier, la campagne a montré les limites rhétoriques de
May. Quand elle a bien voulu apparaitre à la télévision, elle a montré les difficultés qu’elle avait à convaincre un
auditoire. Cela en plus du fait que la majorité qu’avait son parti a déjà été réduite, les députés Conservateurs sont
maintenant inquiets de l’avenir de leur siège tant que May sera leur chef, ce qui rend sa destitution par eux encore
plus probable. Cette urgence électorale signifie que May, qui marche déjà sur la corde raide du dilemme mentionné
plus haut, va plus probablement pencher du côté de la souveraineté et du contrôle des frontières afin de sécuriser les
sièges Conservateurs et le sien par la même occasion, puisque ce sont là les préoccupations principales pour une
grande partie de leur électorat de base.
C’est probablement pour cela qu’elle a dit aux partisans du libre-échange de ne pas se faire trop d’illusions dans une
interview ce mois-ci.
Conclusion
Cette élection n’est pas un tournant dans les négociations et de manière générale le Royaume-Uni demeure tel qu’il
était avant du point de vue des diplomates de Bruxelles. Cela étant, elle rend plus probable l’idée que le
gouvernement optera pour une ligne nationaliste que pour les priorités de l’économie libérale si le choix leur est
imposé.
L’importance de ceci ne doit pas être exagérée car ce que certains appellent le Brexit « dur » avait déjà été annoncé
par Donald Tusk comme le seul Brexit possible bien avant les élections.
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