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Clement Julhia
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Clement Julhia | Août 2017
L’Union Européenne est plus tournée vers le protectionnisme que le libre-échange
La possibilité de commercer librement avec l’UE est une aspiration importante du gouvernement britannique et d’une
grande partie du peuple dans les négociations de départ et les relations avenir avec le Continent. Pour Bruxelles,
cependant, le libre-échange est loin d’être la norme quand il s’agit des relations commerciales avec des pays non-
membres.
Il y a trois sujets économiques essentiels sur lesquels la politique de l’Europe en fait un bloc protectionniste. Le
premier concerne la règlementation sur la qualité des biens et services qui entrent dans l’Union ; le deuxième les
droits de douane et les quotas et le troisième est une conséquence de la monnaie unique.
Le poids de la règlementation
La Commission et le parlement à Bruxelles imposent régulièrement des règles qualitatives sur les biens et services qui
peuvent être vendus dans sa juridiction. Elles sont réparties en quatre catégories selon la Commission :
règlementations sanitaires, environnementales, techniques (surtout sur la sécurité) et les standards de qualité du
marché pour lesquels l’Europe a les règles parmi les plus exigeantes au monde. De plus, le coût de ces règles sur les
entreprises est très élevé; on l’estime à environ 33 milliards de livres en mars 2015 pour le seul Royaume-Uni. Si un
fournisseur étranger estime que le coût est trop haut, il choisira de ne pas assumer un tel coût pour adapter son
processus de fabrication aux standards européens.
Une grande partie des règlementations de l’Union ajoutent à la protection déjà énorme du secteur agricole car elles
contiennent des clauses contre les OGM, par exemple, qui sont fréquents dans d’autres parties du monde. Notamment,
c’était un des différends qui ont empêché les discussions sur l’accord extensif de libre-échange avec les Etats-Unis (le
TAFTA) de se poursuivre.
Les droits de douane et les subventions dans l’Union Européenne
Selon la définition la plus simple du protectionnisme, l’UE en satisfait les critères puisque les entreprises qui
importent vers un de ses membres doivent payer un droit moyen de 1.6% selon la Banque Mondiale. Notez que ceci est
un taux moyen et non universel. Par exemple, les textiles produits en Chine – pour prendre l’exemple d’une
importation typique venant d’une grande économie – sont sujets à un droit de 4% et les voitures chinoises peuvent être
facturées à la douane à 5%, voire 10%, et de même pour les voitures américaines.
Si le taux moyen est si bas alors que les droits sont si hauts sur certains biens communément vendus, c’est parce que
l’UE utilise un système de quotas par lequel chaque état non-membre a droit à une quantité donnée de biens à
importer sans droits de douane, ou à un taux réduit. Ces quotas d’exemption sont négociés avec chaque état,
montrant qu’à Bruxelles, le libre-échange est l’exception et non la règle.
La mesure la plus protectionniste dans l’UE reste la Politique Agricole Commune (PAC), qui contient des clauses
prévoyant des droits à un taux moyen de 20%. En plus de cela, les paysans européens sont subventionnés à un niveau
tel que les subventions de la PAC ont représenté 39% du budget total de l’UE en 2013.
De plus, la Commission utilise ce qu’elle appelle des Instruments de Défense Commerciale contre la concurrence
étrangère qu’elle considère injuste soit parce qu’elle est excessivement subventionnée ou à cause du dumping, c’est-
à-dire quand un fournisseur vend à l’étranger pour moins que le prix dans son propre pays, souvent à perte. Dans les
deux cas, la Commission propose de répondre en imposant un droit de douane qui annulera les gains réalisés par
l’importateur grâce aux subventions ou au dumping.
Enfin, il faut s’intéresser au cas de sanctions économiques imposées à des pays étrangers pour des raisons politiques.
Le meilleur exemple est celui de la réaction européenne à l’annexion de la Crimée. Elle a alors imposé une
interdiction totale sur beaucoup de produits alimentaires, sur des compagnies d’énergie et sur des banques russes.
Le protectionnisme et la monnaie unique
L’effet de l’euro sur l’ouverture commerciale européenne est plus subtil et nuancé. D’abord, il ne s’applique qu’aux
états membres qui sont dans la zone euro, mais après le départ du Royaume-Uni ce sera le cas pour toute les grandes
économies de l’UE, et même parmi les pays qui utilisent l’euro, l’effet sur leur commerce n’est pas toujours le même.
La valeur naturelle d’une monnaie avec un taux de change flottant comme celui que nous avons actuellement dans le
monde est déterminé par sa balance commerciale (BC). Brièvement, les exportations sont plus faciles avec une
monnaie bon marché et vice-versa ; en même temps les exportations font s’apprécier la monnaie à cause de
l’augmentation de la demande et vice-versa. Par conséquent la valeur à terme d’une monnaie augmente quand la
balance commerciale s’améliore et décroit quand la balance se détériore. Cela veut dire que les pays de l’UE qui ont
une BC supérieure à la moyenne européenne ont une monnaie moins chère que ne serait leur monnaie nationale.
L’excédent commercial moyen de l’UE est de 0.8% alors que celui de l’Allemagne est de 18% et 20% pour les Pays-Bas.
Donc, des producteurs Allemands ou Néerlandais, qui peuvent vendre leurs produits à l’étranger a un prix inférieur à
ce que leur BC devrait permettre, font face à une concurrence étrangère dont les importations sont artificiellement
chères.
La situation inverse existe pour les pays de l’UE dont la balance est moins bonne que la moyenne, comme l’Espagne ou
la France, mais il est important de noter que les institutions européennes créent une forme de protectionnisme basée
sur l’arithmétique du taux de change dans le cas de ses économies les plus réussies.
En somme, les règlementations de l’UE, les droits de douane et la monnaie font du protectionnisme l’approche
standard pour les relations commerciales entre l’Union Européenne et le reste du monde, même s’il est important de
garder à l’esprit que la compétitivité artificielle au sein de l’UE n’est pas homogène entre les membres ou les
secteurs.
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